samedi 5 février 2011

The Letters


Est-ce la sagesse ou la résignation que chante ici Léonard Cohen ? Serait-ce une façon de redire, comme Louis Aragon, « Il n’y a pas d’amour heureux » ? Veut-il simplement évoquer ces échecs de l’amour qui ne résultent, en fait, que d’un petit décalage dans le temps, dans l’espace, ou dans le cheminement des cœurs qui se croisent sans se rencontrer parce qu’ils ne sont pas « sur le même plan » ? Évoque-t-il la passion qui aveugle, la raison qui assombrit, l’illusion qui attire ? Pense-t-il à tous les écueils et obstacles dont s’entourent nos cœurs blessés, comme autant de bouées qui marquent le lieu des naufrages et finissent par rendre impossible la navigation ?
Quel est le fond de sa pensée ? Quel est le sens profond de son message ? Que nous dit-il ?
Mais en fait, veut-il nous parler ou nous faire parler ?
Dans ses phrases apparemment déroutantes, les mots luisent comme des braises, et éclairent notre âme d’une lueur changeante qui souligne les ombres et fait apparaître des formes mouvantes. Les souvenirs figés comme les stalactites au fond d’une grotte prennent vie, et, sur la trace de nos pas imprimée sur le sol, nous retrouvons des fragments de nous-mêmes.

Les Lettres

Tu n’as jamais aimé
Ouvrir mes lettres mais
Tu saisis désormais
L’intention que j’y mets

Tu relis avec fièvre
Celles qui n’ont pas brûlé
Tu presses sur tes lèvres
Mes pages accablées

L’inondation soudaine
Disais-je, plus rien ne laisse
J’espérais que tu viennes
Tu avais mon adresse

Tant ton histoire s’étire
L’intrigue est si intense
Des années pour franchir
Tes lignes d’auto-défense

Les blessures apparaissent
La défaite peut se voir
Et simple gentillesse
Solitude au pouvoir

Tu rentres dans ma chambre
Au bureau, tu te tiens
Commence donc ta lettre
Au prochain qui s’en vient

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

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